D’une largeur de 65 mètres et décrochant d’une hauteur de cinq mètres, l’affaissement du sol a entraîné une partie d’une fosse à purin dans la rivière Rouge. Heureusement, celle-ci était pratiquement vide, selon Rémy Rivest, un des propriétaires. Plusieurs partenaires ont été impliqués ou dépêchés sur les lieux, notamment l’Urgence-Environnement et des ingénieurs spécialisés du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) est aussi impliqué, comme il s’agit d’une zone agricole et que du bétail est sur les lieux.  

Considérant que l’affaissement argileux s’est jeté dans les eaux de la rivière Rouge, qui est un affluent de la rivière Ouareau, la ville de Crabtree a été interpellée pour produire des tests d’eau. Jusqu’ici, deux tests ont été produits, les 30 et 31 mai 2023. « On ne craint pas du tout pour l’usine d’eau potable », assure Françoise Bouchard, directrice régionale de la sécurité civile et de la sécurité incendie pour les Laurentides et Lanaudière. « La situation est stable », affirme-t-elle. En date du 1er juin, le rapport des ingénieurs spécialisés du ministère des Transports et de la Mobilité durable n’est pas disponible et les acteurs au dossier sont dans l’attente de pouvoir le consulter. 

Malgré cela, dans les heures qui ont suivi l’événement, la municipalité de Crabtree a dû mettre temporairement à l’arrêt la station de purification d’eau potable. De retour à la normal, peu de temps après, elle a tenu à rassurer la population, dans une publication sur ses médias sociaux, « qu’en aucun cas la qualité d’eau du réseau d’aqueduc n’a été affectée par cet incident. »

Une catastrophe naturelle qui « change une vie » 

Il s’agit d’un cauchemar éveillé pour la famille Rivest, qui est propriétaire de la ferme laitière depuis sept générations. Le lundi 29 mai, Rémy, le père et doyen, est passé vers 20h00 pour travailler sur son champ de maïs. Lorsqu’il est repassé vers minuit, il a constaté que des arbres étaient tombés et que quelque chose clochait. Un glissement de sol s’était produit. La nuit a été courte pour tous, selon ce qu’a confié la famille. « Une catastrophe naturelle comme ça, tu ne t’y attends pas. C’est comme un coup de masse dans le front », explique Marie-Ève Rivest, associée de la ferme Rémy Rivest, et fille de ce dernier. 

Forcée de condamner une de leur étable, cet événement place la famille Rivest dans une situation peu souhaitable, avec beaucoup de bétail. Cela implique une grande réorganisation en très peu de temps pour s’assurer que les opérations demeurent fonctionnelles, selon Rémy Rivest. L’agriculteur souligne qu’ils pourront passer à travers l’été, mais qu’il faudra réajuster leur stratégie avant l’hiver. Pour le moment, ils bénéficient d’un soutien de la Caisse Desjardins, en plus de l’entraide des voisins et des employés de la ferme. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a aussi été contactée pour mettre l’épaule à la roue. Une aide qui est la bienvenue, puisque l’événement est considéré comme une catastrophe naturelle et n’est donc pas assurable. 

Lors de sa visite sur les lieux, la mairesse de Saint-Liguori, Ghislaine Pomerleau, s’est dit rassurée de constater la présence de plusieurs professionnels qui œuvraient à comprendre et analyser la situation, tous ensemble. Mme Pomerleau mentionne également que c’est le type d’événement qui « change une vie ». La municipalité fait partie de ceux qui sont dans l’attente du rapport final des ingénieurs spécialisés du ministère, pour connaître les actions concrètes à poser pour soutenir Rémy, Marie-Ève et Alexandre Rivest dans ces temps difficiles. 

« Il n’y a eu aucun animal ni aucun humain de blessé. C’est juste du matériel, mais ça fait beaucoup de soucis », ajoute la mairesse, en souhaitant la meilleure des chances à la famille Rivest dans cette épreuve.