Société
Retour15 mars 2023
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Violence à l’école : Miser sur la prévention pour vaincre le fléau
Centre de services scolaire des Samares
©Photo Depositphoto
Au-delà de la montée des cas de violence répertoriés dans les écoles, le Centre de services scolaire observe une tendance à tolérer moins et à dénoncer plus chez les jeunes.
À l’ère des téléphones intelligents et des réseaux sociaux, le phénomène de la violence et de l’intimidation entre les élèves à l’école devient de plus en plus préoccupant. Montée des cas, visibilité accrue, glorification des gestes par les pairs, dénonciation sur la place publique; la gestion et la prévention de ces situations deviennent de véritables enjeux pour les établissements d’enseignement, et ce, sans compter les répercussions du climat tendu sur les autres élèves qui assistent bien malgré eux à ces scènes de violence. Au Centre de services scolaire (CSS) des Samares, on se dit très sensible à cette réalité.
De nos jours, il n’est pas rare de voir circuler des vidéos d’une violence souvent poignante parmi les élèves d’une école et même sur Internet. Les établissements de la région n’échappent pas à ce phénomène. Devant la problématique évidente, le CSS tout comme les directions d’école se doivent de réagir et d’innover pour inverser la tendance. Dernièrement, des images captées à l’école secondaire de l’Achigan levaient le voile sur l’existence de cette problématique entre les murs de l’établissement de Saint-Roch-de-l’Achigan.
Deux garçons se rouent de coups dans une salle de bain de l’école secondaire. Les élèves se regroupent autour d’eux, observent la scène, mais n’interviennent pas. Téléphone en main, quelques-uns d’entre eux prennent des images, puis les partagent avec leurs amis ou en ligne. Ce genre de scène « classique » de violence où deux élèves en viennent aux poings pour régler un conflit, comme celle que nous avons pu observer à de l’Achigan, se multiplie sur la toile. Si certains semblent amusés par ces épisodes de confrontation, d’autres élèves s’inquiètent de la montée de la violence dans leur environnement scolaire et craignent de ne plus pouvoir s’y sentir en sécurité.
La situation suivie de près
« Nous pouvons constater une hausse dans le nombre de cas répertoriés et compilés dans notre rapport annuel transmis au ministère de l’Éducation. Par contre, la manière de compiler les données a changé au cours des dernières années et il faut apporter certaines nuances », a commenté le Centre de services scolaire des Samares après que les images filmées dans un de ses établissements aient surgi dans les médias. Aux yeux de l’organisation, plusieurs facteurs doivent être pris en compte dans l’analyse des événements rapportés, tels que la hausse de la clientèle dans les écoles et la sensibilisation effectuée par rapport aux gestes violents et d’intimidation. Les élèves qui ont aujourd’hui tendance « à dénoncer plus et à moins tolérer les actes peuvent expliquer en partie la hausse constatée », soutient Maude Jutras, coordonnatrice aux communications pour l’organisation.
Pas question toutefois de banaliser les comportements. Le CSS des Samares assure que ses équipes prennent toutes les situations au sérieux et que le personnel scolaire intervient rapidement pour régler les problématiques et assurer les suivis au besoin. « La violence, peu importe le milieu où elle est observée, est préoccupante », reconnait le CSS. Ainsi, comme ce fut le cas avec les événements médiatisés en février à Saint-Roch-de-l’Achigan, des sanctions sont toujours imposées aux élèves lors de la perpétration d’actes violents. La nature des conséquences appliquées, conformément au plan de lutte en place, dépend de la gravité des gestes posés. Qu’ils soient impliqués directement ou même indirectement, tous les élèves qui participent ou contribuent au climat de violence et d’intimidation sont susceptibles d’être réprimandés pour leur comportement.
Tous ont un rôle à jouer
La montée en popularité chez les jeunes d’une diversité de plateformes web pour échanger des images et des vidéos contribue certes à donner de la visibilité aux actes répréhensibles. Or, le CSS des Samares est bien au fait de ces pratiques et du phénomène de glorification ou de dénonciation sur la place publique qui en découlent. Les directions demeurent à l’affût et condamnent ces pratiques : « Dès que nous sommes informés d’une situation, nous intervenons et accompagnons les élèves. Nous aidons les élèves afin de signaler aux plateformes Web les contenus inappropriés. De la sensibilisation est réalisée avec les témoins sur l’impact de leur rôle et les actions à poser. »
De plus, l’ensemble des écoles primaires et secondaires du territoire a mis en place un plan de lutte pour prévenir et combattre l’intimidation et la violence à l’école. « L’école est un milieu de vie complexe où peut se manifester de la violence, mais c’est aussi un endroit privilégié pour soutenir l’apprentissage de comportements sociaux positifs et le développement d’habiletés relationnelles. » Ainsi, certaines écoles ont mis en œuvre un plan complémentaire misant sur le développement des habiletés sociales. « Ces deux plans permettent de soutenir le climat bienveillant des écoles tout en développant les compétences sociales des élèves. »
Enfin, le CSS prévient que tous ont un rôle à jouer dans la prévention de la violence et de l’intimidation ainsi que dans l’utilisation appropriée d’Internet. La collaboration des familles est essentielle dans cette lutte. « L’école ne peut pas agir seule », convient l’organisation, appelant les parents à s’engager comme partenaire en sensibilisant leurs enfants à l’enjeu de la violence à l’école. Notons qu’à l’interne, le CSS a intégré une personne Pivot CVI (climat, violence et intimidation) dans tous ses établissements afin de soutenir les équipes dans l’atteinte des objectifs fixés au plan de lutte contre la violence et l’intimidation.
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