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Retour17 mars 2021
Sarah Élisabeth Aubry - seaubry@lexismedia.ca
Une vague d’amour pour les cabanes à sucre
Un beau succès pour « Ma cabane à la maison »
©Depositphotos - L'Express Montcalm
Les Montcalmois peuvent dorénavant vivre la saison des sucres chez eux et profiter de l’expérience à la maison.
Lancée il y a quelques semaines, l’initiative « Ma cabane à la maison » connaît déjà un succès retentissant, notamment auprès des producteurs acéricoles de Montcalm. L’idée est simple; permettre aux cabanes à sucre de demeurer actives malgré la pandémie et faire vivre la saison des sucres aux Québécois d’une autre façon, dans le confort de leur foyer.
Dans la MRC de Montcalm, il y a d’ailleurs plusieurs cabanes à sucre participantes. Les Montcalmois peuvent depuis un certain temps commander directement leurs boîtes gourmandes grâce au site officiel, macabanealamaison.com.
Différentes opportunités s’offrent à eux, soit d’aller chercher leurs commandes à la cabane à sucre choisie ou la récupérer dans un point de cueillette chez Metro. Pour une deuxième année consécutive, les cabanes à sucre ne peuvent accueillir leur clientèle.
Pour la présidente de l’Association des cabanes à sucre du Québec et copropriétaire du Chalet des érables, Stéphanie Laurin, cette initiative pourrait bien sauver le patrimoine acéricole du Québec. Elle souligne qu’à ce jour, près de 14 % des 200 cabanes à sucre ont cessé leurs activités agrotouristiques. Plusieurs ont dû modifier leurs installations, alors que d’autres ont mis la clé sous la porte.
Place à la mobilisation
L’an dernier, Stéphanie Laurin a décidé de sonder les autres cabanes à sucre et prendre le pouls de la situation. Voyant que la sienne n’allait pas bien, elle souhaitait sauver le milieu des cabanes à sucre du Québec. Le projet de « Ma Cabane à la maison » a donc pris forme tranquillement. Puis, les propriétaires des cabanes à sucre ont mis la compétition de côté et se sont entraidées.
Les participants soulignent l’engouement des Québécois qui ont répondu à l’appel.
« Les cabanes à sucre sont extrêmement touchées de la vague d’amour qu’ils reçoivent. On doit être rendu à 42 000 commandes placées sur le site Internet en moins de deux semaines. C’est 1,2 million de personnes qui sont allées sur notre plateforme web dans les deux dernières semaines. C’est incroyable considérant qu’il y a huit millions de Québécois.», soutient Stéphanie Laurin. L’entrepreneur souligne le réseau d’entraide maintenant établi entre les producteurs participants.
« Aujourd’hui, les cabanes à sucre s’appellent entre elles pour se prêter des boîtes et des contenants. On a même hâte que la COVID soit terminée pour se faire un gros party de cabanes entre propriétaires. Toutes les barrières sont tombées. C’est un beau réseau d’entraide. »
Le projet a été rendu possible grâce à l’implication de l’agence marketing Prospek, notamment. Des centaines d’heures ont été investies pour élaborer le concept.
Puis, Mme Laurin a lancé un appel à Metro. Tout de suite, cette dernière a accepté de soutenir les cabanes à sucre du Québec. Plusieurs autres grands partenaires et commanditaires se sont greffés à l’initiative.
Le plus grand défi est d’orchestrer toute l’organisation et penser à une solution pour amener la clientèle à prendre sa commande sans faire un long trajet. Stéphanie Laurin lance ses appels auprès de 200 cabanes à sucre pour leur faire part de cette idée ambitieuse. 70 d’entre elles au Québec acceptent d’embarquer dans cette aventure.
Un peu plus tard, il est question de s’attarder à dénicher des boîtes et contenants faits au Québec et recyclables.
« Je pense qu’on va s’être relevé de façon vraiment spéciale. On est très fières de ça les cabanes à sucre…je suis vraiment contente parce qu’on va y être arrivé tous ensemble, autant les Québécois que les entreprises qui nous supportent. C’est merveilleux. », ajoute-t-elle.
La plateforme toujours vivante
Les points de chute avec les Metro s’échelonneront jusqu’au 18 avril prochain. Les cabanes à sucre pourront diversifier leurs boîtes et continuer à fonctionner grâce à leur boutique en ligne. Pour le moment, il est trop tôt pour envisager l’avenir des cabanes à sucre. Ma cabane à la maison sera de retour l’an prochain, même si celles-ci réouvrent leurs portes.
Même si les retombées ne sont pas similaires qu’avec une vraie saison des sucres avec les cabanes accessibles, Mme Laurin est heureuse de constater que les propriétaires, puis leurs personnels font ce qu’ils aiment, puis travaillent.
« Ça met un petit pansement sur la plaie et ça nous réconcilie avec l’avenir. C’est un petit peu mission accomplie pour ça. On voulait dire aux Québécois on est encore là et on sera encore là l’année prochaine. », souligne-t-elle.
Adaptation des entrepreneurs
Le Journal L’Express Montcalm s’est entretenu avec différentes cabanes à sucre situées dans la MRC de Montcalm. Elles ont répondu unanimement que la population s’est intéressée au projet et que l’initiative récolte ses fruits. Les propriétaires souhaitent concentrer leurs efforts sur la Cabane à la maison.
Même si l’opportunité s’offrirait à eux d’ouvrir leurs milieux, ils n’ont pas l’intention d’accueillir cette année la clientèle dans les salles à manger.
La propriétaire de la Cabane à sucre Oasis et Le 4 Café à Saint-Jacques, Catherine Mailhot est heureuse de l’engouement derrière cette idée. À son avis, il s’agit d’une organisation pour s’assurer que les commandes soient conformes aux demandes.
« On voit déjà que le monde de la région commence à se sentir plus au printemps avec les températures qui s’en viennent. », indique-t-elle.
Les clients qui choisissent la Cabane à sucre Oasis peuvent se procurer des boîtes pour deux ou quatre personnes et font réchauffer leurs repas à la maison. Avec les boîtes à la maison, les gens répondent super bien.
« Il y a eu vraiment beaucoup de publicité rattachée à ça. Le monde est là et aime les cabanes, le sirop et la festivité. Même si ça fait deux ans que je suis fermée et que ça durerait une autre année, je ne suis même pas inquiète que la journée que ça va rouvrir, le monde va être là. », affirme Catherine Mailhot.
La clientèle peut se procurer des produits d’érable et des extras au sein des boîtes à commander. La propriétaire travaille en partie avec des étudiants. Elle explique qu’il y a plus de personnel la fin de semaine pour répondre aux demandes.
L’an dernier, Mme Mailhot avait fait des boîtes repas. Cette année, elle soutient qu’il y a une belle présentation et tout un travail. Pour Le 4 Café, c’est la boutique et le prêt-à-emporter pour le bistro qui permettent de continuer à vendre des produits.
« Je sais que si je n’avais pas pris la relève de mes parents, ils n’auraient pas embarqué dans Ma cabane à la maison. La cabane serait fermée à l’heure où on se parle. C’est une réorganisation complète. »,dit-elle. Catherine Mailhot estime aussi qu’il y a beaucoup d’entraide entre les propriétaires de cabanes.
Le propriétaire de la cabane à sucre des Sportifs à Saint-Esprit, Nick Majeau est très satisfait de la réponse du public.
« Les gens participent et veulent continuer la tradition. », dit-il. M. Majeau se rappelle que l’an dernier les cabanes à sucre allaient débuter leur saison, alors que tout a fermé. Malgré les difficultés rencontrées, il se réjouit du projet et des partenariats mis en place.
Selon le propriétaire, il s’agit d’une grande organisation et une logistique pour réaliser les boîtes.
« C’est extrêmement difficile. On ne se le cachera pas. C’est énormément de revenus qu’on n’a pas eu l’année dernière. Cette année, on ne sait pas à quoi s’en tenir […] Il y a encore beaucoup d’incertitude. C’est déjà un succès, car les gens ont beaucoup embarqué. », fait-il part.
La clientèle retrouve un menu diversifié avec des produits maison comme des quantités de tire d’érable. Celle-ci peut se procurer d’autres produits d’érable directement à la cabane à sucre. En termes de défis, M. Majeau indique avoir tout donné dans ce nouveau projet et a investi également financièrement.
Il salue par ailleurs l’aide du gouvernement pour soutenir les cabanes à sucre. Une vingtaine d’employés donnent un coup de pouce à travers cette période.
Le propriétaire de l’aKabane, Frédéric Paiement accueille à bras ouverts ce projet qui qualifie de rayon de soleil.
« Pour les deux prochains mois, ça va très bien. Je ne me plaindrais pas. Ça roule bien. L’équipe est revenue. », aborde-t-il. En commandant chez eux, les intéressés peuvent avoir accès à la livraison directe partout au Québec et en Ontario.
Lorsque la clientèle commande son menu, ce dernier est similaire à ce qui se retrouvait en salle à manger. À l’intérieur de chaque boîte, il y a des napperons pour les enfants et aussi le guide de procédure pour faire chauffer les plats.
« C’est le même confort culinaire et la même qualité. », assure-t-il.
M. Paiement a travaillé avec Mme Laurin sur cette initiative. Ce dernier a bénéficié de l’aide du gouvernement comme d’autres cabanes à sucre. Quinze employés travaillent avec le propriétaire pour préparer les boîtes.
« La majorité de mes évènements en 2020 sont en 2021. », dit-il.
En parallèle, Frédéric Paiement est à l’étude du projet, afin de mettre sur pied un deuxième camion cuisine. Au cours des derniers mois, il affirme que son plus gros défi a consisté à changer la direction de son modèle d’affaires.
Élan de solidarité
Ce qui se dégage de positif autour des derniers mois plus difficiles est l’entraide et la solidité. C’est ce que constate la propriétaire de l’érablière Au Rythme des temps, Josée Daigle.
« C’est un gros élan de solidarité. Les gens ont envie de sauver leurs cabanes à sucre et leur patrimoine. Ils commandent et veulent nous encourager […] Avant on était tous des compétiteurs, maintenant on est tous des amis. », observe-t-elle. L’esprit d’entraide est au rendez-vous.
Il n’y a aucun doute pour Mme Daigle. « On a reçu ça comme un cadeau du ciel. On remercie les deux filles qui ont fondé Ma cabane à la maison. », témoigne-t-elle. Grâce à ce mouvement, les propriétaires peuvent sauver leurs cabanes. Josée Daigle et son équipe se sont adaptées assez vite aux commandes en ligne, par téléphone et au comptoir.
« La fin de semaine, on vend au-dessus de 200 boîtes par jour. La semaine dernière avec la relâche, on a vendu en quatre jours 500 boîtes. », fait-elle savoir.
L’an passé, Josée Daigle a vendu ses produits dans des kiosques locaux du secteur. Lorsque ces derniers ont fermé, elle s’est virée de bord et a ouvert une boutique à sa cabane. Ces initiatives ont connu un beau succès. Ma cabane à la maison aidera sans doute la propriétaire a payé ses comptes en raison de la fermeture de mars 2020.
Pour l’an prochain, Mme Daigle a l’intention de poursuivre avec Ma cabane à la maison, même si elle peut rouvrir sa salle à manger.
« Je me suis dit que si je faisais Ma cabane à la maison, les gens retrouveraient tout ce qu’il y avait sur la table quand ils venaient manger à la cabane. », indique-t-elle. Ils peuvent même se procurer des items à la carte pour les produits connexes.
©Photo Renée-Claude Doucet - L'Express Montcalm
Les intéressés peuvent choisir la cabane à sucre de leurs choix. Ils peuvent aller chercher leurs commandes à la cabane à sucre sélectionnée ou la récupérer à un point de cueillette chez Metro.
Pour la propriétaire de la Cabane à sucre Dupuis à Saint-Jacques, Roxanne Ricard, les Québécois sont rendez-vous. Lorsque Stéphanie Laurin lui a téléphoné, elle mentionne avoir été l’une des premières à dire oui à cette idée. « Sans ça, on en aurait encore perdu au combat. On avait intérêt à tout donner. Autrement, on n’aurait rien. », dit-elle.
Depuis deux semaines, l’Association des cabanes à sucre du Québec se bat pour conserver la subvention salariale. Au Québec, 200 cabanes à sucre offrent des repas. Sur ce nombre, une quarantaine ont fermé leurs portes.
Mme Ricard estime que ce mouvement fait une belle différence pour sauver les cabanes à sucre. Habituellement, la Cabane à sucre Dupuis engage une cinquantaine d’employés.
Cette année, c’est une vingtaine qui met la main à la pâte. « On a tout misé sur ce projet-là. On ne va pas commencer à s’éparpiller. »,détaille-t-elle.
Le défi le plus important à ses yeux c’est l’adaptation et la gestion.
« Somme toute, on le relève bien. J’aime mieux avoir ce défi-là que le défi de trouver un moyen pour payer mes paiements. », déclare-t-elle. Après un an, la propriétaire est heureuse d’aller travailler et retrouver son équipe, puis la clientèle. Au niveau du menu, la clientèle retrouve les classiques de la cabane à sucre.
Roxanne Ricard en profite pour démentir une rumeur qui circule.
« Ce n’est pas vrai que Ma cabane à la maison prend une cote sur nous. C’est totalement faux. C’est nous qui avions créé Ma cabane à la maison. », termine-t-elle.
Pour tout connaître du projet, on visite https://www.macabanealamaison.com.
©Photo Renée-Claude Doucet - L'Express Montcalm
Les Montcalmois peuvent choisir leur menu et déguster leurs repas dans le confort de leur foyer.
Commentaires
21 mars 2021
Isabelle Gagné
Bravo aux créatrices de "Ma cabane à la maison " ! C'est une initiative du tonnerre !! Encore Bravo !!