Justice
Retour21 juillet 2017
Une mère de Saint-Lin-Laurentides risque 10 ans de pénitencier pour avoir utilisé sa fillette comme objet sexuel
JUSTICE. La poursuite réclame 10 ans de pénitencier pour une mère de famille de Saint-Lin-Laurentides ayant utilisé pendant des années sa fillette comme objet sexuel avec son ex-conjoint.
La femme de 30 ans, ainsi que son ex-conjoint de 31 ans, qu'on ne peut nommer afin de protéger la fillette, ont fait vivre à cette dernière d'impensables horreurs en multipliant les crimes sexuels à son endroit.
La mère risque maintenant 10 ans de pénitencier, peine réclamée vendredi par la poursuite, lors des représentations sur la peine au palais de justice de Joliette. La défense a de son côté soumis un quantum situé entre six et sept ans.
Le père évalué
Le père a quant à lui été envoyé en évaluation pendant 60 jours à l'Institut Philippe-Pinel de Montréal, un hôpital spécialisé en psychiatrie légale.
À la suite de son évaluation, la poursuite pourrait déposer une requête devant la cour afin de le faire déclarer délinquant dangereux à contrôler. Elle a aussi annoncé qu'elle envisageait de réclamer une peine de 13 ans à 14 ans de pénitencier contre lui.
Des milliers de photos
Les gestes que le couple a commis contre leur fillette sont scabreux.
Selon ce que la fillette a notamment raconté à la police, ses parents prenaient des photos d'elle nue et de ses parties intimes, prétextant les envoyer au médecin de la famille et que son père était également nu lors de la prise des photos parce qu'il avait le même médecin.
Sur plusieurs des clichés, la fillette portait un masque vert ayant été saisi par la police.
Plus de neuf mille photos uniques et près d'une quarantaine de vidéos ont été saisies dans les ordinateurs du couple.
Des photos montrant d'autres enfants en bas âge dans des positions suggestives ont aussi été trouvées dans l'ordinateur du couple, en plus de celle de sa fillette.
Certaines de ces photos impliquent des objets et des animaux.
La procureure de la poursuite a d'ailleurs qualifié le matériel de « hard ».
« Des photos de leur fille se retrouvent sur Internet et le seront toujours », a souligné la procureure de la poursuite lors de sa plaidoirie.
Une des photos prises remonte à 2010, alors que l'enfant du couple avait à peine un an.
Gestes multiples
Le couple a aussi fait des attouchements sexuels de diverses natures sur la fillette à de multiples reprises en plus de permettre qu'elle soit abusée par quatre autres personnes.
Pour encourager leur enfant, a souligné la procureure de la poursuite, les parents avaient mis en place un système de récompense pour la féliciter lorsqu'elle adoptait les comportements qu'ils souhaitaient.
« Ils ont voulu normaliser un mode de vie criminel », a soulevé celle-ci, ajoutant que le deuxième enfant du couple avait été une victime collatérale puisqu'il avait été élevé dans ces conditions.
Offerte à un homme
Selon l'enquête, il est difficile de quantifier le nombre de gestes commis à l'endroit de l'enfant, mais la preuve permet de démontrer une augmentation à partir des années 2012 et 2013.
Le père aurait notamment offert sa fillette à un homme qu'il avait rencontré sur un forum de discussions pour qu'elle lui fasse des attouchements et vice versa, mais ce dernier aurait été mal à l'aise. Selon ce qu'a révélé l'enquête, les parents avaient déjà eu des échanges sexuels avec lui ainsi que son chien.
Dénoncé
Le couple a été dénoncé par un réseau social en juillet 2015 au National Center for Missing & Exploited Children (Centre national pour les enfants disparus et exploités) en raison du téléversement d'un cliché contenant de la pornographie juvénile.
C'est cette enquête qui a permis aussi de découvrir ce que le couple avait fait subir à leur fillette en compagnie d'un autre couple de Québec et de leur fille.
À une occasion, les deux couples, qui se sont connus via un site internet pour faire de l'échangisme, ont eu des contacts sexuels impliquant leurs fillettes respectives.
Le couple de Saint-Lin-Laurentides a aussi plaidé coupable à de multiples accusations concernant cet évènement, tout comme le couple de Québec.
Sous emprise
Le père et la mère de Saint-Lin-Laurentides sont détenus depuis leur arrestation, en juin 2016.
À l'époque, la mère avait dit aux policiers n'avoir rien empêché parce qu'elle n'aime pas la chicane.
Selon la procureure de la poursuite, cette dernière « minimise sa participation » aux crimes, tandis que son avocat estime qu'elle a d'abord agi parce qu'elle était assujettie à son ex-conjoint en raison de sa personnalité atrophiée.
« Avec le temps, il n'y a pas de doute qu'elle était sous son emprise », a-t-il dit.
En pleurs, la mère a affirmé au juge qui doit lui imposer sa sentence qu'elle regrettait « amèrement » ce qu'elle avait fait et qu'elle « méritait » d'être traduite en justice.
« J'étais le dernier rempart pour ma fille et je ne l'ai pas été », a-t-elle admis.
Elle et son ex-conjoint doivent revenir devant le tribunal en septembre, moment où ils pourraient recevoir leur sentence.
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